Bienvenue dans l’univers fascinant des légendes du Cotentin. Plongez dans les récits mystiques et captivants qui ont façonné l’âme de cette région. Chaque histoire vous transportera dans un voyage à travers le temps, où réalité et imaginaire se mêlent pour révéler la richesse culturelle et historique du Cotentin. Préparez-vous à découvrir des contes enchanteurs et des mythes séculaires qui vous feront voir cette terre sous un nouvel éclairage.

Les goubelins

Une des légende phare de la Hague, qui est encore très présente dans la culture locale, c’est celle des goubelins. Ces petites créatures devenues très populaire ont tout particulièrement une histoire dans La Hague.

On les nomme les « Drôles », par déformation du scandinave « troll » mais plus couramment « Goublins », comme les anglais qui les nomment « Goblins ». Ce sont des lutins gentils et bienveillants mais qui peuvent s’avérer très farceurs et facétieux.

Jean Fleury, écrivain normand et professeur à Paris  (1883) raconte que lorsqu’il y avait un goublins dans les parages, il y avait un trésor. Leur rôle était de le protéger. « Tout trésor oublié depuis cent ans est placé sous la surveillance d’un goublin » selon lui.

Ces créatures que l’on retrouve surtout dans les maisons se transforment le jour en toute forme d’animal. Ils peuvent par exemple devenir un chien avec qui on joue ou un lièvre que l’on caresse. Bien souvent ils prenaient une forme humaine et s’introduisait la nuit dans les chaumières. Parfois même, dans certaines maisons goublinées, on est réveillé au milieu de la nuit par un tapage épouvantable, des portes qui claque, de la vaisselle qui tombe, les meubles qui s’ouvrent…   Et le lendemain, tout est miraculeusement remis en place « Le lutin du fort d’Omonville-la-Rogue était encore plus familier, mais il était aussi plus espiègle. C’était parfois un mouton blanc ; d’autres fois un petit chien qui se couchait sur la jupe de la jeune fille de la maison et se faisait traîner. La nuit, on l’entendait tourner le rouet, laver la vaisselle. Dans la cour, c’était souvent un veau que l’on voyait apparaître à l’improviste. D’autres fois, c’était un lièvre qui s’amusait tout à coup à partir au galop avec du feu sous le ventre… » Une jeune fille avait développé une amitié sincère envers lui ; il prenait plaisir à lui jouer toutes sortes de tours amusants. Par exemple, lorsqu’elle remarquait un peloton de fil par terre, elle le ramassait en s’accusant de sa propre négligence ; soudain, le peloton de fil éclatait de rire entre ses mains et retombait au sol. C’était le signe que le gobelin se divertissait.

Tous ces événements semblaient indiquer qu’un trésor était caché quelque part dans la maison. Les recherches furent longues, mais elles ne permirent jamais de le découvrir. Cependant, lorsqu’ils se fatiguent de leur rôle de gardiens, les gobelins désirent que le trésor soit trouvé et qu’ils soient ainsi libérés, bien qu’ils ne révèlent jamais son emplacement exact. Des histoires tragiques sont même rapportées à ce sujet, telles que celle de Dame Henry de Gréville, qui mourut peu de temps après avoir découvert un trésor dans son escalier en 1770. Depuis lors, les découvertes de trésors semblent s’être taries, laissant planer le mystère sur ces légendes qui continuent à hanter les imaginaires locaux.

En effet, la légende occupe une place importante aujourd’hui encore. Nous pouvons par exemple citer le restaurant au Tourp l’Auberge des Goubelins. On retrouve aussi l’association « Village des Goublins » ou encore le groupe de musique et de danse Les Goublins…

Le Manoir de Gonneville

À Saint-Jacques de Néhou, une chambre du manoir serait hantée, toute personne qui y dort, voit apparaître un bouc noir…

L’histoire raconte qu’un certain Paul Le Poittevin né à Bricquebec en 1778 et fils du meunier du moulin de Gonneville décida de passer une nuit au manoir pour vérifier si ce que l’on disait était vrai. Au cours cette nuit, le bouc noir fit bien son apparition et annonca à Paul Le Poittevin « Tant que toi et tes descendants garderez ce manoir, ta famille sera préservée et aura de la chance ».

A la suite de cette étrange nuit, Paul Le Poittevin fit merveille dans le monde des affaires, il devint vite propriétaire d’une teinturerie à Rouen, se maria et quelques années plus tard, il devint le propriétaire de deux filatures ce qui lui permettra d’acheter plusieurs terres et propriétés dont le Moulin de Gonneville puis le Manoir de Gonneville. 

La suite de sa vie fût plutôt bonne, il eut 3 enfants, devint le parrain du futur écrivain Gustave Flaubert et bien qu’il décèda avant la naissance de son petit-fils, il sera le grand-père de Guy de Maupassant …   

Le manoir quant à lui sera vendu en 1860 à un pharmacien de Bricquebec. 

La légende de l’If de Brix

Dans le vallon des Faulx, vivait un couple de bûcherons Louisot et Toinette CLOVIS, déjà âgé et sans enfant à recueillir.  Malgré leurs maigres ressources, ils accueillirent un jeune orphelin de 6 ans du nom de Jean-Marie. Ils s’entendent tous les trois à merveille.  Parfois l’enfant accompagne Louisot dans le bois qui entoure le château d’Adam Bruce et ramasse les copeaux de bois qui volent en éclat sous les coups de hache de son père adoptif qui finiront par alimenter le feu de leur humble demeure. Il en profite aussi pour se promener dans les environs et contemple les semis de différentes espèces de conifères que messire Adam Bruce destine à l’ornementation de son manoir. Quelques mois plus tard, par un fort mauvais temps, Louisot partit offrir ses services à la famille des Bruce pour la fête de Noël. La santé du petit Jean-Marie semblait s’altérer depuis peu, alors il fût préférable qu’il reste à son foyer où il déposa ses petits sabots de bois dans l’âtre de la cheminée. Le lendemain matin, à son réveil, il découvrit avec surprise un petit paquet dans l’un de ses sabots, un joli petit arbre vert émeraude comme il les aimait tant. Celui-ci était un if. 

Jean-Marie apporta un soin tout particulier à son if, chaque jour durant, il l’arrosait, l’exposait au soleil et le déposait chaque soir près d’un crucifix et d’une image pieuse. Un an passa, l’arbre grandissait et devenait de plus en plus beau à l’instar du petit Jean-Marie qui d’un seul coup fut pris d’un mal mystérieux, sans en connaître la raison. Malgré l’amour de ses parents adoptifs, des soins généreux du châtelain et de la médecine, l’enfant mourut et fût enterré dans un coin du cimetière de Brix. De son vivant, l’enfant n’eut de cesse de demander à Louisot et Toinette qu’ils prennent bien soin de son jeune arbre « C’est l’arbre de Dieu » disait-il. Devenant trop âgés, Louisot et Toinette devaient trouver une solution pour que l’if continue de vivre après leur propre mort. Toinette eu une idée aussitôt approuvée par Louisot. Le lendemain arrivés au cimetière, ils plantèrent l’if près de la tombe de Jean-Marie… et deux larmes vinrent se mêler à la terre... 

De nos jours, nous pouvons toujours contempler cet if majestueux dans le cimetière de Brix devenu millénaire. Il est officiellement répertorié comme un des arbres remarquables du département.

Les sorciers du Theil

Les sorciers et leurs maléfices auraient perturbé la vie du Theil et de ses habitants pendant près de deux siècles de 1700 à 1900. Voici l’un des témoignages existants : 

« Mon grand-père racontait qu’un jour, il avait été veiller pendant une nuit le corps d’un homme venant de décéder. A plusieurs reprises pendant la nuit, un gros papillon était venu dans la chambre du mort pour éteindre la lampe, à tel point que mon grand-père avait fini par partir en se disant : puisque c’est ainsi, il se gardera bien tout seul. Le papillon était en fait envoyé par les sorciers pour faire fuir les humains. Ainsi, les sorciers pouvaient venir prendre le corps du mort, le remplacer dans le cercueil par des cailloux, et aller enterrer le cadavre dans le bois de Barnavast (là où étaient enterrés les sorciers)  »

Le témoin se souvient que le fils du sorcier (l’homme décédé) avait été surpris en train de tenter d’assister à la messe avec en guise de missel sous le bras, le « Petit Albert », livre réputé pour la magie…

Dans le bois de Barnavast, outre les sorciers, on trouve aussi la fontaine Saint-Clair. Chaque troisième dimanche de juillet, un pèlerinage y est organisé, toujours populaire aujourd’hui : les eaux de la fontaine sont réputées guérir les affections oculaires. 

La Fanesse

La fanesse est une femme sans revenus, qui faisait des petits tours pour vivre.

Le jour de cuisson du pain dans une famille, la coutume était de lui réserver un petit pain, sinon la fournée ne cuisait pas. Dans la côte du Valasse, un agriculteur n’arrivait pas à faire redémarrer ses chevaux tirant une charrette. L’attelage restait bloqué quand la fanesse fait son apparition, avise la situation et dit à l’agriculteur :  « Tu as toujours été bon avec moi. Enlève ta bride de la jument de devant, secoue-la trois fois, remets-la en place  ». Aussitôt dit, aussitôt fait. Et l’attelage franchit le haut de la côte… 

La demoiselle de Tonneville

Actuellement, sur les cartes, on peut repérer un endroit nommé L’Étang de Percy, situé près du village de Tonneville. Autrefois un étang, il est maintenant asséché. Cette étendue d’eau aurait été, selon la légende locale, le lieu de sépulture de plusieurs voyageurs perdus, abandonnés là par les maléfices d’une mystérieuse dame blanche. Cette dame fantomatique serait Blanche de Percy, une noble du XIIIe siècle réputée pour sa beauté et sa forte personnalité. Après la mort de ses parents, elle hérite seule de vastes terres et refuse tous les prétendants, se consacrant à l’étude de la magie noire.

Lorsqu’un litige oppose les paroisses de Tonneville et de Flottemanville pour la possession d’une lande, Blanche revendique fermement ses droits en proclamant : « Si, après ma mort, j’avais un pied dans le ciel, et l’autre dans l’enfer, je retirerais le premier pour avoir toute la lande à moi. »
À sa mort, elle refuse les derniers sacrements et maintient sa revendication sur la lande.

Lors de son enterrement, le cercueil devient étrangement lourd, résistant à tous les efforts pour le déplacer. Finalement, on décide de l’enterrer à l’endroit même où il se trouve, à l’entrée de la cour.

Depuis lors, conformément à ses paroles, elle hanterait la lande, s’en prenant aux promeneurs nocturnes. Lors des travaux effectués en 1949 sur le site du manoir démoli, une tombe anonyme a été découverte sous le seuil du pressoir, correspondant à l’emplacement légendaire de la sépulture de la demoiselle de Tonneville, tel que rapporté depuis des siècles.

Equinandra

En l’an 56 avant J.C., les terres du Cotentin tremblèrent sous le pas des légions romaines, déterminées à étendre leur domination. Face à cette menace, les Unelles (peuple Gaulois de la Manche) se dressèrent vaillamment, mais même leur courage ne put arrêter l’avancée inexorable des troupes de Jules César.

Dans un ultime acte de désespoir, les Gaulois retranchés dans la forteresse de la Hague prirent une décision déchirante. Sous la direction de la jeune druidesse Equinandra, ils offrirent en sacrifice l’enfant le moins âgé, qui était l’enfant de leur chef, Viridovix, dans l’espoir de conjurer le destin funeste qui les attendait.

Pourtant, malgré ce geste sacrificiel, la défaite s’abattit sur eux avec une cruelle intensité. Fou de rage devant cette débâcle et la perte tragique de son fils, Viridovix ne put contenir sa fureur. Dans un acte de vengeance impitoyable, il tourna son courroux envers Clodomir, l’époux d’Equinandra, qui gisait blessé des affrontements, et le condamna à une nuit d’agonie insoutenable. Sous les yeux d’Equinandra, impuissante et brisée par la mort de son bien-aimé, Viridovix infligea à Clodomir d’atroces souffrances en lui administrant des feuilles vénéneuses sur ses plaies, prolongeant son tourment jusqu’à l’aube.

Au lever du jour, accablée par le chagrin et le désespoir, Equinandra prit une décision déchirante. Implorant son père, le druide Vindulos, de lui accorder ce dernier acte d’amour, elle demanda à être ensevelie vivante aux côtés de son époux bien-aimé, au bout de la baie d’Écuty. Ce lieu, nommé Esquina, en conserve depuis lors le souvenir, gravé dans sa topographie maritime, tel un témoignage éternel de cet amour antique.

Le Moine de Saire

En l’an 1470, le manoir de Réville était la demeure d’un seigneur local et de son frère cadet, un moine au comportement grossier et alcoolique, qui inspirait crainte et mépris.

Un jour, alors que le moine se trouvait seul à la maison, Pierre Tesson vint pour régler ses loyers. La somme était considérable, suffisamment tentante pour le moine qui décida de la garder pour lui. Il encaissa l’argent, signa le reçu, puis s’évapora sans remettre le paiement au seigneur concerné.

Lorsque le seigneur réclama son dû à Pierre Tesson, celui-ci affirma que le moine l’avait déjà récupéré. Le voleur nia vigoureusement, allant même jusqu’à prononcer des paroles que la légende a immortalisées : “Si j’ai pris cet argent, que le diable m’emporte et que le pont de Saire me serve de cellule.” Peu de temps après, le diable sembla répondre à cet appel, provoquant un sinistre cortège de cloches funèbres et d’horreurs avant de saisir le voleur pour l’emporter dans l’au-delà.

Depuis cet événement, le spectre du moine est apparu à maintes reprises, semant la terreur parmi les habitants des environs, en particulier les voyageurs et les riverains, les dépouillant de leurs biens lors de tempêtes et les entraînant dans la rivière Saire après les avoir contraints à jouer avec lui. Cette légende est restée gravée dans l’histoire locale depuis des siècles, alimentant les récits d’horreur et de mystère.

Il est d’ailleurs désormais possible de venir à l’hôtel Au Moyne de Saire à Réville, à vos risque et périls !

Le trou Baligan

Dans les profondeurs mystérieuses des falaises qui bordent Flamanville se niche le Trou Baligan, une grotte impressionnante et intrigante.

Une végétation aux teintes sanglantes s’étend sur ses parois, donnant à l’ensemble une atmosphère à la fois sombre et fascinante.
Cette caverne cache une légende terrifiante, celle d’un monstre redoutable, un dragon à sept têtes, qui aurait régné en maître autrefois, semant terreur et désolation dans les contrées avoisinantes.

Pour apaiser sa voracité insatiable, les habitants de Direth (désormais Diélette) se voyaient contraints de lui offrir chaque semaine un innocent enfant, choisi par le sort.

Un jour, en l’an 448, alors que cette tragique coutume était sur le point d’être perpétuée, une étrange embarcation apparut sur l’horizon, attirant l’attention de la population assemblée. Sur cette roue de charrue, se tenait un homme revêtu de symboles religieux, le visage empreint de sérénité.
Il se présenta comme Germain, porté par la volonté divine pour guider les âmes égarées. Fils d’un guerrier franc et d’une bretonne, Germain avait été initié à la foi chrétienne par le saint homme du même nom.

Animé par la volonté de servir Dieu, il avait été envoyé en mission pour répandre la lumière de la foi dans des contrées lointaines. Guidé par sa foi inébranlable, Germain avait invoqué la providence divine pour lui procurer un moyen de traverser les eaux qui le séparaient de sa mission. Miracle ou providence, une roue de chariot lui fut offerte, le portant vers sa destinée. Arrivé sur les rivages de Flamanville, Germain se présenta humblement devant le peuple, proclamant sa foi en Dieu et son désir de guider les âmes vers la voie de la lumière. Malgré les doutes et les accusations de l’autorité locale, Germain démontra sa légitimité en signant la mort du juge impie par un simple regard. Guidé par la foi de la population, Germain entreprit de délivrer le peuple du fléau qui le tourmentait : le dragon maudit.

Conduit jusqu’à la tanière de la bête, Germain affronta le monstre avec courage et détermination. Par un signe de croix, il apaisa la fureur du dragon, le rendant docile à sa volonté. Utilisant son étole comme lien, Germain précipita la bête dans les profondeurs de la mer, mettant ainsi fin à son règne de terreur. La population, émerveillée par ce prodige, abandonna ses idoles païennes, reconnaissant la puissance du Dieu que Germain leur avait révélée.

Ainsi, sous l’égide de la foi, le peuple de Flamanville fut libéré de l’ombre du dragon et s’engagea sur la voie de la lumière et de la vérité.
Le trou Baligan de Flamanville est condamné pour la construction de la centrale nucléaire. Les travaux débutent en 1978, les pelleteuses s’attaquent à la falaise sur une longueur de 700 mètres. Cette transformation marque la fin de l’existence du trou Baligan.

Légendes extraites de “Légendes du Cotentin” de Claude Pithois

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