Publié le 17 octobre 2023
Temps de lecture : 3 min.
Jean Leparmentier est un enfant du pays, un enfant de gardien de phare. À quatre-vingt-dix ans et plus, ses images du temps d’avant restent intactes.

En quelle année votre famille est-elle arrivée au phare de Carteret ?
Le 16 novembre 1942, en pleine Occupation. Nous venions du Havre, où mon père était le gardien du phare de la Hève mais face aux bombardements intenses, il a préféré venir dans le Cotentin dans l’espoir de mettre sa famille à l’abri.
Quel rapport entretenez-vous avec la mer ?
J’ai fait toute ma carrière dans la Marine Nationale, affecté aux ateliers de maintenance de la flotte,
J’ai pourtant souffert toute ma vie du mal de mer ! Lorsque j’accompagnais mon père à la pêche, j’avais hâte d’apercevoir ma mère agiter le tissu blanc en haut du phare, signe qu’il fallait rentrer.
Quels souvenirs marquants de votre père « gardien de phare » vous reviennent en mémoire ?
C’était un travail prenant. Il veillait à l’entretien et bien sûr au fonctionnement infaillible de la lueur. J’ai trois souvenirs en tête. L’exigence de mon père à ce que les volets ne soient jamais fermés. De la fenêtre de sa chambre, il pouvait voir le rayon de la lanterne passer à n’importe quelle heure de la nuit. Je me souviens également de son surnom : Monsieur Mirror. L’été, il organisait des visites. Il demandait aux touristes de ne pas toucher aux prismes mais les visiteurs ne pouvaient s’en empêcher. Mon père passait et repassait alors sans cesse son chiffon.
Et puis, j’ai été marqué par ses carnets. Il notait tout ce qui pouvait être utile pour informer la base de Cherbourg. Le 23 mars 1943, il a indiqué que nous avons été contraints de quitter les lieux, sur ordre des Allemands. Nous y sommes revenus en septembre 1945…
Et vos souvenirs personnels ?
En premier lieu, le long chemin pentu qui me séparait de l’école. Je me rappelle de cette nuit, sans lune et sans étoile. Nous avons vu tomber des dizaines d’oiseaux migrateurs. Attirés par la lumière, ils tournaient autour du phare jusqu’à épuisement. Mon père a fait installer ensuite des lentilles au pied de l’édifice. Cette autre source de lumière permettait de faire diversion.
Quel est votre coin préféré du Cotentin ?
Mes parents étaient originaires d’Auderville, mon père gardait le phare de Goury, là où je suis né. J’ai ensuite vécu ma vie d’homme et de père à Cherbourg mais mon coin préféré reste Carteret. Pour la beauté des lieux et parce que nous y avons passé du temps avec ma famille. Mes enfants, pendant les vacances, adoraient allumer le phare. Nous montions pour actionner le bouton de démarrage de la lanterne, qui chauffait doucement, puis nous redescendions vite, juste à temps pour voir le trait de lumière apparaître.
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