Vinciane, journaliste et rédactrice indépendante est allée à la rencontre d’échapper Cotentinoises !

Il s’est jeté à l’eau il y a trois ans. Nils Sutour confectionne des sacs en peau de saumon de Cherbourg, une collection unique en son genre.

Il faut le voir à l’œuvre, dans son atelier, tannant et assouplissant à la main les peaux de poissons locaux pour en faire un cuir fascinant de reflets. « Ces peaux destinées à la poubelle retrouvent une seconde vie », sourit l’artisan. C’est avec le saumon de Cherbourg, élevé dans la rade, et celui d’Isigny, de la ferme marine de la baie des Veys, qu’il travaille. Il les écaille pour trouver une sous-couche qui ressemble à une peau de serpent, puis les rince à l’eau de pluie ou dans la rivière voisine du Trottebec. Viennent ensuite le tannage à l’œuf ou à l’écorce, le séchage et l’assouplissage, avant d’entamer la couture « Je passe un fil de lin à travers la cire d’abeille, un procédé pour rendre le fil plus solide. » Entièrement travaillés à la main, les cuirs de saumon s’assemblent ensuite pour devenir des pièces uniques en France.

Du sac à main au carnet d’adoption

Marchant dans les pas de son père, lui aussi passé par la Marine et devenu maître sellier, Nils apprend le travail du cuir en autodidacte, y ajoutant sa note iodée. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le cuir de saumon est sans odeur et apporte une touche d’exotisme », souligne-t-il. Sacs à mains, cartables et portes clés déclinent le miroitement délicat des peaux.  Le tanneur inventif a même travaillé sur les carnets d’addition de Pierre Marion, chef du restaurant étoilé Le Pily à Cherbourg. Récupérant les peaux de bars, dorades royales et lieus jaunes, il en a sublimé les plus beaux éclats, toujours avide de faire chanter la mer du bout de ses doigts.

À écouter à partir du 21 mai sur notre chaîne de podcast

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