En quoi La Hague est un site géologique si remarquable ?
Pour répondre à cette question, nous sommes allés à la rencontre de Yohann Poprawski, chercheur et géologue indépendant, à la tête de la société Géologic-Diffusion.

En quoi le Géoparc apparait-il comme une évidence dans la Hague ?

Le site offre, sur un périmètre relativement restreint, une incroyable fresque géologique. Bien sûr, il y a des chaînons manquants, mais il y a surtout des roches qui permettent de retracer une partie de l’histoire géologique depuis une période éloignée de 2,1 milliards d’années !

Comment se décline cette fresque sur le terrain ?

En cinq grandes phases. La première date de 2,1 milliards d’années. Les roches datant de cette période sont les plus anciennes de France. Il s’agit de gneiss, autrement dit de granit transformé par différents phénomènes géologiques. On peut l’observer par exemple dans l’anse du Culeron. La 2e phase date de 540 à 600 millions d’années. Elle s’incarne dans différentes formes géologiques d’origine granitiques que l’on peut cette fois observer à Goury. La 3e phase remonte à environ 500 millions d’années. Les chaînes de montagne qui s’étaient formées ici se sont érodées laissant à la place différentes plages de sable et de galets, comme dans la baie d’Ecalgrain.

Autant de phénomènes qui expliquent la diversité des paysages de la Hague ?

 Absolument. C’est aussi le cas des deux dernières périodes. À Herquemoulin, les roches que l’on observe résultent de la formation d’une chaîne de montagnes qui date d’environ 300 millions d’années et qui devait être comparable aux Alpes actuelles ! Enfin, la dernière période géologique représentée est plus récente. Elle date de 200 000 ans. C’est-à-dire d’un monde qui ressemblait au nôtre. Mais la géologie de cette période, par exemple à Jardeheu, permet de lire les variations climatiques et celles du niveau de la mer. C’est ainsi qu’on retrouve par exemple des galets fossilisés étrangement perchés dans les falaises ! C’est simplement qu’à certaines des périodes qui ont suivi, le niveau de la mer était beaucoup plus haut qu’aujourd’hui.

Le Géoparc en projet de la Hague permet de raconter 2,1 milliards d’années d’histoire de la Terre. Ce qui en fait un site géologique absolument majeur. La Hague, c’est aussi les vestiges de trois chaînes de montagne, que l’érosion a lentement démantelées, les vestiges d’éruptions volcaniques explosives ou les archives du climat conservées depuis 220 000 ans qui font écho aussi aux enjeux d’aujourd’hui. L’anse du Culeron, la baie d’Ecalgrain, la pointe de Jardeheu ou Herquemoulin constituent des références pour les spécialistes et de formidables écoles de terrain pour des publics curieux et animés par un désir de connaissance sur l’histoire de la Terre ou des climats. La Hague, c’est aussi toute une palette de paysages, qui bénéficie depuis longtemps d’un haut niveau de protection, d’un attachement local fort et d’un dynamisme socio-économique qui a permis de les préserver. Tous ces liens se lisent dans ses paysages depuis ses falaises, en passant par ses étroites prairies littorales aux accents irlandais, ses landes, son vaste massif dunaire, ou à travers la beauté de son patrimoine bâti très bien conservé.

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